Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts...
(Marguerite Yourcenar)
Je ne suis pas comme les autres, qu’elle épie,
mais qui font semblant que ce n'est rien de troublant.
J’avoue que sans le rien je ne suis ni même rien,
ce néant qui m’attend et qui me conduit
au bout léger ou alors lourd des mes jours.
De la même manière, je ne puis marcher pas sans les heures
qui assignent à la légèreté de mes pas le rythme des routines.
Les heures marchent aussi vers elle et m’entraînent dans sa quête.
Si je ne réussis pas à suivre, elle ralentit: c'est une fille gentille
dans la plupart des fois, on dirait qu’elle patiente accoutumée à l’attente.
Je sais, enfin, que la petite ombre
qui est née à mon côté
grandit elle aussi
peu à peu dans mon creux,
jusqu’a ce qu’elle me bouchera tout entier.
Cependant, on est censé vouloir s’enfuir.
Ne pas s’attacher à la vie est la prérogative de certains infirmes.
Même si je manque de nouvelles tricheries,
j’essaie de croir que je ne verrai pas son éclair
pourvu que je tienne les yeux bien ouverts.
Pendant ce temos où nous sommes sous sa surveillance,
toute attention me semble simplement insuffisante.
Les accidents, ce ne sont que des pretextes,
les accidents confirment justement les mensonges statistiques des caisses de retraite
et font grossir les profits ventrus des compagnies d’assurances.
Si j’eternue sans raison bien fondée,
si autre chien enragé traverse mon trajet,
ou si, à la poursuite d’un nuage,
je croise une rue sans regarder à ma droite,
je suis sûr qu’elle m’emboîte.
Je sais qu’elle se rapproche et me guette
du point aveugle de la normalité, jusqu’à ce que sa silhouette
devienne plus et plus nette,
et alors, bien,
alors je ne vois plus rien.
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