JE SUIS MON MANQUE



je suis ce qui me manque et me bouge
ce que je veux et n'arrive pas à posséder
ce vide et les choses qui ont failli me remplir
je les soigne car elles seules me soutiennent




je suis ces mots qui me giclent de la bouche 
cette beauté que je ni ne mérite ni ne puis remonter 
je suis aveugle je ne sais pas lire vos pensés 
mais attentif je le jure je vous écoute
je suis la vie qui m'éveille chaque journée 
j'ai peur de vivre car personne n'en connait pas assez 
je me soulève je fais quelques pas puis je trébuche 
elle m'amène et me pèse elle m'écroule
je suis la mort qui me limite et convertit 
chaque instant en feu fou comburant d'infini 
en vain je cogne contre ces bornes
mais voilà la porte entrouverte je la franchis
je suis mon cri ce que je n'en peux plus et aussi jouissance
mes mots se répandent hors contrôle et me dérobent le don de taire 
en vain je guette dans l'avenir on ne s'est jamais fait connaissance 
mais j'y tiens et déteste par contre les mensonges de l’espérance
je suis ma tristesse je n'en fuis jamais
je tiens à regarder mon angoisse face à face 
qu'elle me tue qu'elle me frappe qu'elle me crache 
je ne veux pas de sagesse je veux forteresse
je suis mes mémoires ces amis morts 
qui me bavardent depuis les fonds des songes 
ces mains que je ne serrerai plus encore 
pourtant vous me les tenez elles s'allongent
je suis sûr qu'un jour nous serons tous ensemble 
il ne faut que je vous attende mais que ça a été dur
d’accomplir les gestes justes plus que tout je le regrette
mais sur le miroir je nous vois oui vous êtes toujours là
je suis le trésor de toutes les impossibilités 
ce qui ne se peut pas me rend encore plus minuscule
on les a ratées mais elles espèrent malgré
nous et notre faux besoin des calculs
je suis l'amour et les bêtises d'amour 
je sais qu'elle s'apprête à tuer mais ne réussit pas à rester seule 
l’amour qui nous étouffe entre des draps et des voeux à mi-voix 
je suis plus fou en outre je m'y raccroche c'est elle qui me redoute
je suis le sel et le matin promis
de l'or dort sous la terre foncée 
nous sommes cette boue qui nomme ces yeux fiers de dénuder
le chant itéré et à chaque reprise zut je suis aussi l'oubli
je suis le désordre le bruit des accords
tous les instruments pleurant à contre-sens
je suis l’ennemi de la paix l'horreur peut-être
l'erreur inévitable de qui se bâtit sur le sable
et pourtant
la voix nue
de l'avant
je continue



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