LES JOUISSANCES DU TEXTE


les plus grossiers mots et leurs vices

maccrochent encore

ils infligent de creuses délices

ils sont des désirs sans les corps


ces petites bêtes ont un appel irrésistible

plus graves qu'un bâillon et une chaîne

n'importe où l'on me traîne

leurs cris me poussent et puis m'enfouissent


et si assouvi je défaille de joie

seul me réveille le vient-et-va

des vers affaimés qui membrasent

autour de mes bras, ô bruit embrassable!


avalez-moi, mâchez-moi le plus vite

dégueulez-moi jusqu'au point de ramassage

renversez-la, faites ma bouche baiser l'abîme

distordez-la jusqu'au point de décollage


puis je tais

un silence épais

me gèle m’étouffe

c'est dieu qui souffle


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